La fin des subventions du programme GreenOn en Ontario a été aussi subite qu’imprévue. Mis en place en décembre 2017 par le gouvernement libéral de Katleen Wynn, ce programme a été sabré par Doug Ford dès son arrivée au pouvoir en juin 2018. Plusieurs diront qu’il y avait beaucoup plus de dogmatisme derrière le programme GreenOn que de réalisme. Et ces personnes n’auraient pas tout à fait tort.
Des subventions en efficacité énergétique, en promotion des énergies renouvelables et en conversion énergétique, il y en a eu en Ontario depuis au moins le début des années 2000. Pendant un temps, pour l’achat d’une thermopompe par exemple, les propriétaires de maison de l’Ontario pouvaient profiter d’une exemption de la taxe de vente provinciale. Au même moment, le gouvernement fédéral en a rajouté, entre autres avec son programme ÉcoÉnergie Rénovation – Maisons qui offrait des aides financières à l’achat et à l’installation de systèmes de chauffage et de climatisation. L’Ontario doublait aussi l’aide financière fédérale en plus du crédit de taxe de vente. Certaines villes offraient aussi d’autres contributions. Un fouillis difficile à décrypter. Mais l’Ontario n’a pas le monopole du dogmatisme.
Pendant ce temps, au Québec…
Pour ceux et celles qui se posent la question, la situation n’était pas vraiment plus logique au Québec. L’Agence de l’efficacité énergétique du Québec – réincarnée en Bureau de l’efficacité et de l’innovation énergétique, et, par la suite, transmutée en Transition énergétique Québec – Hydro-Québec, le gouvernement fédéral et certaines municipalités offraient toute une gamme d’aides financières qui s’empilaient les unes sur les autres et sans qu’il n’y ait de lien logique entre elles.
Et c’était la même chose partout ailleurs au Canada. Ça devait être dans l’air du temps. Ensuite est arrivée l’année 2008 avec sa récession. On a bonifié toutes ces aides financières afin de soutenir et d’encourager l’activité économique dans le secteur de la construction. Le gouvernement fédéral a finalement mis fin à ses programmes en 2012 alors que l’économie se portait mieux et que l’industrie de la construction n’avait plus besoin de stéroïdes pour fonctionner.
Qu’a fait le Québec à ce moment? Et bien pour s’assurer d’une surchauffe dans le secteur de la rénovation domiciliaire, on a mis en place le crédit d’impôt Réno vert. Ce programme accorde un crédit d’impôt de 20 % pour les dépenses en sus de 2500 $ et pour un maximum de 10 000 $ pour des rénovations vertes. Le tout pouvant s’additionner aux subventions Rénoclimat et Chauffez vert. Pour certains projets, les subventions représentent plus de 40 % du coût d’un projet et frisent les 17 000$.
Un ménage s’impose
Le 21 décembre 2018, le Conseil de gestion du Fonds vert a présenté un rapport assez troublant à la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. En langage politiquement correct, le Conseil recommande de réévaluer plusieurs programmes et d’en maintenir d’autres. À la bourse, quand on recommande de “conserver” ses actions dans un titre donné, la plupart des investisseurs comprennent qu’il faut “vendre” le dit titre. En langage clair, ce que le Conseil de gestion du Fonds vert voulait sans doute dire, c’est que le fouillis est total et que les cibles de réductions de GES ne seront pas atteintes dans le cadre des programmes actuels. Un grand ménage s’impose.
En juin 2018, la décision de fermer le programme GreenOn en Ontario a mis un un terme à une orgie de programmes subventionnaires mal ciblés et mal conçus. Ces programmes s’empilaient depuis des années sans que personne ne se soit donné la peine d’en évaluer la pertinence, et surtout, leur efficacité à répondre aux enjeux énergétiques et climatiques.
En faisant table rase, le gouvernement de l’Ontario peut maintenant prendre du recul et réfléchir à des moyens plus efficaces et moins coûteux (oui-oui, c’est possible!) de réduire les émissions de GES. Reste à voir si c’est ce qu’il souhaite. S’il s’avère, l’exercice a au moins le mérite d’arrêter le gaspillage et d’espérer construire quelque chose de pertinent sur des bases plus solides.